Vous avez peut-être entendu parler de cette idée étrange qui circule depuis quelques années sur les forums et les réseaux sociaux : l’Internet serait « mort ». Non pas au sens technique, rassurez-vous, mais dans le sens où la majorité du contenu que vous consultez chaque jour ne serait plus créé par des humains.
Bizarre, non ? Pourtant, cette Dead Internet Theory ou Théorie de l’Internet mort gagne du terrain et soulève de vraies questions sur l’état actuel du web.
C’est quoi exactement la théorie de l’Internet mort ?
L’idée de base est assez dérangeante quand on y réfléchit. Selon cette théorie, une grande partie du contenu que vous croisez sur les réseaux sociaux, dans les commentaires YouTube ou sur les forums ne provient plus de vraies personnes. À la place, ce serait des robots, des intelligences artificielles et des algorithmes qui génèrent et diffusent la majorité des publications.
Le but de tout ça ? Faire tourner la machine publicitaire, influencer les opinions, et surtout vous garder scotché à votre écran le plus longtemps possible. Certains vont même plus loin en affirmant que les voix humaines authentiques ont pratiquement disparu du web, noyées dans un océan de contenu artificiel.
On pourrait facilement balayer tout ça d’un revers de main en parlant de simple paranoïa conspirationniste. Sauf que cette théorie tape dans quelque chose de très concret : le sentiment de malaise que beaucoup ressentent face au web actuel. On se demande de plus en plus souvent si la personne derrière un commentaire ou un post est bien réelle.
Pourquoi cette théorie cartonne autant ?
Il faut dire que les anciens du web ont de quoi être nostalgiques. Ceux qui traînaient sur Internet dans les années 2000 se souviennent d’un espace totalement différent. À l’époque, on trouvait des forums spécialisés sur des sujets ultra pointus, des blogs personnels bourrés de fautes d’orthographe mais authentiques, et des discussions parfois chaotiques mais vraiment humaines.
Aujourd’hui, l’Internet qu’on connaît est dominé par une poignée de géants : Meta, Google, TikTok … Tout passe par des algorithmes qui décident ce qu’on voit ou pas. Le résultat ? Des fils d’actualité qui se ressemblent tous, du contenu formaté, optimisé, parfois carrément aseptisé. Ça peut donner l’impression que quelque chose d’essentiel a changé.
Et puis il y a les bots. Ah, les bots ! Sur X (ex-Twitter), Reddit ou dans les commentaires YouTube, ils pullulent littéralement. Vous en avez forcément croisé : ces comptes qui balancent du spam, qui postent des réponses génériques, ou qui relaient en boucle le même type de contenu. Ajoutez à ça les images générées par IA qui inondent les réseaux, les voix synthétiques qui narrent des vidéos YouTube, et les textes produits par ChatGPT et consorts.
Quand on met tout ça bout à bout, la théorie de l’Internet mort commence à sembler moins délirante qu’elle n’en a l’air.
Est-ce que l’Internet est vraiment mort alors ?
Pas exactement. La plupart des experts vous diront que le web n’est pas mort, il a juste évolué. Et pas forcément dans le bon sens, d’ailleurs. On est passé d’un Internet artisanal et communautaire à un Internet industriel et commercialisé à outrance. L’intelligence artificielle joue maintenant un rôle majeur dans la création et la diffusion du contenu.
Les algorithmes, eux, ne suivent aucun plan diabolique pour remplacer les humains. Ils font simplement ce pour quoi ils ont été programmés : maximiser l’engagement. Si un contenu répétitif ou sensationnaliste génère plus de clics, de likes et de partages, l’algorithme va le pousser en priorité. Point barre.
Le vrai problème, c’est qu’on ne fait plus vraiment la différence entre ce qui est authentique et ce qui ne l’est pas. Cette frontière devient de plus en plus floue. Et c’est exactement ce qui nourrit la théorie de l’Internet mort.
Comment naviguer sur un Internet qui semble moins humain ?
La théorie de l’Internet mort n’est peut-être pas une vérité absolue, mais elle sert de signal d’alarme utile. Elle nous rappelle qu’il faut rester vigilant et critique face à ce qu’on consomme en ligne. Quelques réflexes simples peuvent aider :
- Vérifiez vos sources. Avant de croire ou de partager une info, prenez deux minutes pour voir d’où elle vient. Le compte qui l’a postée existe-t-il vraiment ? A-t-il une vraie historique ?
- Méfiez-vous des contenus trop parfaits. Un texte sans aucune aspérité, une image hyper léchée mais bizarre dans les détails, une vidéo avec une voix robotique… Ce sont souvent des indices d’un contenu généré automatiquement.
- Favorisez les communautés de niche. Les petits forums spécialisés, les Discord thématiques ou les blogs indépendants restent des espaces où l’humain prédomine encore largement.
- Rappelez-vous que derrière chaque clic, il y a un algorithme. Les plateformes ne vous montrent pas le contenu par hasard. Elles vous montrent ce qui vous fait réagir, pour mieux vous garder connecté.
Le web d’avant nous manque-t-il vraiment ?
Au final, la théorie de l’Internet mort traduit surtout une nostalgie collective. Celle d’un web plus authentique, moins formaté, où on tombait sur des trucs bizarres et inattendus plutôt que sur du contenu recyclé à l’infini.
L’Internet n’est probablement pas mort. Mais il a définitivement changé de visage. Entre l’IA générative qui explose, les bots omniprésents et les algorithmes tout-puissants, on assiste peut-être à la naissance d’un Internet hybride, à mi-chemin entre l’humain et la machine.
La vraie question n’est pas tant de savoir si l’Internet est mort ou vivant, mais plutôt : quelle place veut-on encore avoir dessus en tant qu’humains ? Parce qu’au rythme où vont les choses, si on ne fait rien, la théorie risque de devenir une prophétie autoréalisatrice.